Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/159

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elle, à condition que Mlle de Tervire en fût d’accord, et que je l’en avertirais, Là-dessus il me pria instamment de n’en rien faire, et après m’avoir demandé le secret : N’est-il pas cruel, me dit-il, que mon oncle, tout moribond qu’il est ; épouse demain Mlle de Tervire, pour la laisser veuve au bout de six mois peut-être, et maîtresse d’une succession qui m’appartient comme à son héritier naturel ? Mon projet est donc de le détourner de ce mariage, qui m’enlève un bien dont je ferai sûrement un meilleur et plus digne usage que cette petite coquette, qui le dépenserait en vanités. Vous y gagnerez vous-même, et voici toujours, avec la bague, un billet de mille écus que je vous donne, et qui, en attendant mieux, vous sera payé dès que le baron aura les yeux fermés. Il n’est question que de me cacher ce soir, pendant qu’on soupera, dans le cabinet de la chambre où Mlle de Tervire couchera, et une heure après, c’est-à-dire entre minuit et une heure, d’aller dire à Mme de Sainte-Hermières qu’on entend du bruit dans cette chambre, afin qu’elle y vienne avec le baron qui, me trouvant là avec la jeune personne, ne doutera pas que nous