Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/162

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à qui m’accablerait de caresses, de témoignages d’estime et d’amitié. Tous ceux qui avaient connu ma mère lui écrivirent ; et l’abbé, devenu à son tour l’exécration du public aussi bien que de son oncle, se vit forcé de sortir du pays, et de fuir à trente lieues de là dans une assez grosse ville, où deux ans après on apprit que sa mauvaise conduite et ses dettes l’avaient fait mettre en prison, où il finit ses jours.

La femme de chambre de Mme de Sainte-Hermières ne mourut point. Cette dame elle-même survécut à son écrit, qui m’avait si bien justifiée, et se retira dans une petite terre écartée, où elle vivait encore quand je sortis du pays. Le baron de Sercour, que je traitai toujours fort poliment partout où je le rencontrai, voulut renouer avec moi, et proposa de conclure le mariage ; mais je ne pus plus m’y résoudre. Il m’avait trop peu ménagée.

J’avais alors dix-sept ans et demi, quand une dame que je n’avais jamais vue, et qui était extrêmement âgée, arriva dans le pays ; il y avait au moins cinquante-cinq ans qu’elle l’avait quitté, et elle y revenait, disait-elle, pour y revoir sa famille, et pour y finir ses jours.

Cette dame était une sœur de feu M. de Tervire, mon grand-père, qu’un jeune et riche négociant avait épousé dans notre province, où quelques affaires l’avaient amené. Il y avait bien trente-cinq ans qu’elle était veuve, et il ne lui était resté qu’un fils, qui pouvait bien en avoir quarante. Je ne saurais me dispenser d’entrer dans ce détail, puisqu’il doit éclaircir