Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/236

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sa mère, et que je ne pus ni voir ni informer du jour de ma sortie, par tout ce que m’allégua sa mère, qui feignait ne pouvoir comprendre pourquoi je me retirais, et qui me dit que son fils, avec la fièvre qu’il avait, n’était pas en état de recevoir des adieux aussi étonnants que les miens.

Tant de fourberie me rebuta de lui répondre là-dessus ; mais pour lui témoigner le peu de cas que je faisais de son caractère : J’ai demeuré trois mois chez vous, lui dis-je en partant, et il est juste de vous en tenir compte.

C’est bien plutôt moi qui vous dois trois mois de la pension qu’on vous a laissée, et je vais m’en acquitter tout à l’heure, dit-elle en souriant du compliment que je lui faisais, et dont ma retraite la consolait. Non, lui dis-je avec fierté ; gardez votre argent, madame, je n’en ai pas besoin à présent. Et aussitôt je montai dans une chaise, que Mme Dorfrainville, chez qui j’allais, m’avait envoyée.

Je passe la colère de cette dame au récit que je lui fis de tous les désagréments que j’avais eus au château. J’avais écrit deux fois à ma mère depuis la mort de ma tante, et je n’en avais point eu de réponse, quoiqu’il y eût alors nombre d’années que je n’eusse eu de ses nouvelles ; et cela me chagrinait.

Où pouvait me jeter une situation comme la mienne ? Car enfin, je ne voyais rien d’assuré ; et si Mme Dursan, qui avait tenté d’attaquer le dernier testament de ma tante, parvenait à le faire casser, que devenais-je ? Il n’était pas question d’abuser de la