Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/247

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punissez point du peu de précaution que vous avez prise.

je déliais les cordons de la bourse en lui parlant ainsi :

Prenez ce qu’il vous faut, ajoutai-je : si vous n’en avez pas besoin, vous me le rendrez en arrivant ; sinon, vous me le renverrez le lendemain.

Elle jeta comme un soupir alors, et laissa même, sans doute malgré elle, échapper une larme. Vous êtes trop aimable, me répondit-elle ensuite avec un embarras qu’elle combattait, vous me charmez, vous me pénétrez d’amitié pour vous ; mais je puis me passer de ce que vous m’offrez de si bonne grâce, souffrez que je vous remercie : il n’y a personne de quelque considération dans ces campagnes-ci qui ne me connaisse, et chez qui je ne puisse envoyer si je voulais ; mais ce n’est pas la peine, je serai demain chez moi.

S’il vous est indifférent de rester seule ici, lui répondis-je d’un air mortifié, il ne me l’aurait pas été d’être quelques heures de plus avec vous ; c’était une grâce que je vous demandais, et qu’à la vérité je ne mérite pas d’obtenir.

Qpe vous ne méritez pas ! me repartit-elle en joignant les mains. Eh ! comment ferait-on pour ne pas vous aimer ? Eh bien ! mademoiselle, que voulez-vous que je prenne ? Puisque vous me menacez de croire que je ne vous aime pas, je ferai tout ce que vous exigerez, et je vais vous suivre. Etes-vous contente ?

C’était en tenant ma bourse qu’elle me disait cela. Je