Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/26

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d’imagination qu’il faudrait qu’elle conservât, mais qui la gêne trop ; de façon qu’elle en revient toujours à l’état qui lui est plus commode, qui est d’être agitée.

Et c’est aussi ce qui m’arriva. Je songeai que non seulement Valville était un infidèle, mais que Mme de Miran ne serait plus ma mère. Ah ! Seigneur, n’être point sa fille, ne point occuper cet appartement qu’elle m’avait montré chez elle !

Souvenez-vous-en, madame. De cet appartement j’aurais passé dans le sien ; quelle douceur ! Elle me l’avait dit avec tant de tendresse ! je me l’étais promis, j’y comptais, et il fallait y renoncer ! Valville ne voulait plus que cela s’accomplît ; et dans mon petit arrangement de la veille, je n’avais point songé à cet article-là.

Et ce portrait de ma mère, madame, que deviendra-t-il ? ce portrait que j’avais demandé, qu’elle m’avait assuré qu’on mettrait dans ma chambre, qui y était peut-être déjà, et qui y était inutilement pour moi ? Que de douleurs ! Il m’en venait toujours de nouvelles.

J’attendais Mme de Miran ce jour-là ; mais je ne l’attendais que l’après-midi, et cependant elle arriva le matin.

Ma religieuse, qui était venue chez moi quelques instants après que j’avais été habillée, et dont l’entretien m’avait encore soulagée, cette religieuse, dis-je, était à peine sortie que je vis entrer Mlle Varthon.