Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/270

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au logis, je crus apercevoir, à quarante ou cinquante pas de notre carrosse, une femme que je reconnus pour cette femme de chambre à qui nous avions parlé chez le marquis de Viry, rue Saint-Louis.

Vous vous souvenez bien que je lui avais promis de renvoyer le surlendemain savoir la demeure de. Mme Darneuil, qu’elle n’avait pu m’apprendre la première fois, et j’avais exactement tenu ma parole ; mais on avait dit qu’elle était sortie, et par distraction j’avais, moi-même oublié d’y renvoyer depuis, quoique c’eût été mon dessein. Aussi fus-je charmée de la rencontrer si à propos, et je la montrai aussitôt à Mme Darcire, qui la reconnut comme moi.

Cette femme, qui nous vit de loin, parut nous remettre aussi, et resta sur le pas de la porte de l’aubergiste chez lequel nous jugeâmes qu’elle allait entrer.

Nous fîmes arrêter quand nous fûmes près d’elle, et aussitôt elle nous salua. Je suis bien aise de vous revoir, lui dis-je ; je soupçonne que vous allez chez Mme Darneuil, ou que vous sortez de chez elle ; aussi vous me direz sa demeure.

Si vous voulez bien avoir la bonté, nous répondit-elle, d’attendre que j’aie dit un mot à une dame qui loge dans cette auberge, je reviendrai sur-le-champ répondre à votre question, mademoiselle, et je ne serai qu’un instant.

Une dame ! reprit avec quelque étonnement Mme Darcire, qui savait du maître de l’auberge que notre inconnue était la seule femme qui logeât chez lui. Eh ! quelle est-elle donc ? ajouta-elle tout de suite.