Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/290

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lieue de l’endroit où la voiture que nous avions prise s’arrêtait ; ma mère l’y joignit, comme vous l’avez vu, et nous y trouva, Mme Darcire et moi. Voilà de quelle façon nous nous rencontrâmes. Elle n’était point en état de faire de la dépense : elle avait dessein de vivre à part, de se séparer de nous dans le repas ; et pour éviter de nous donner le spectacle d’une femme de condition dans l’indigence, elle crut devoir changer de nom, et en prendre un qui m’empêcha de la reconnaître. Revenons à présent où nous en étions.

Huit jours après notre reconnaissance chez cet aubergiste, nous jugeâmes qu’il était temps d’aller parler à son fils, et que sans doute il serait de retour de sa campagne. Mme Darcire voulut encore m’y accompagner.

Nous nous y rendîmes donc avec une lettre de ma mère, qui lui apprenait que j’étais sa sœur. Dans la supposition qu’il dînerait chez lui, nous observâmes de n’y arriver qu’à une heure et demie, de peur de le manquer. Mais nous n’étions pas destinées à le trouver sitôt ; il n’y avait encore que la marquise qui fur de retour, et l’on n’attendait le marquis que le surlendemain.

N’importe, me dit Mme Darcire, demandez à voir la marquise ; et c’était bien mon intention. Nous montâmes donc chez elle : on lui annonça Mlle de Tervire avec une autre dame ; et pendant que nous lui entendons dire qu’elle ne sait qui nous sommes, nous entrons.