Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/415

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doute pas qu’en conséquence vous ne causiez sur son compte, quand on vous parlera d’elle ; vous êtes homme à ne la pas ménager dans vos petits discours ; et c’est moi, c’est ma simple bonne volonté pour elle qui serait la cause innocente de tout le tort que vous pourriez lui faire. Non, monsieur Jacob, j’y mettrai bon ordre, et puisque j’ai tant fait que de m’en mêler, que vous avez déjà pris de son argent sur le pied d’un homme qui devait l’épouser, je ne prétends pas que vous vous moquiez d’elle. Je ne vous laisserai point en liberté de lui nuire, et si vous ne l’épousez pas, je vous déclare que ce sera à moi à qui vous aurez affaire. Déterminez-vous ; je vous donne vingt-quatre heures, choisissez de sa main ou du cachot ; je n’ai que cela à vous dire. Allons, retirez-vous, faquin.

Cet ordre, et l’épithète qui le soutenait, me firent peur, et je ne fis qu’un saut de la chambre à la porte.

Geneviève, qui avait été avertie de l’heure où monsieur devait m’envoyer chercher, m’attendait au passage ; je la rencontrai sur l’escalier.

Ah ! ah ! me dit-elle, comme si nous nous étions rencontrés fortuitement, est-ce que tu viens de parler à monsieur ? Que te voulait-il donc ?

Doucement, Geneviève, ma mie, lui dis-je, j’ai vingt-quatre heures devant moi pour vous répondre, et je ne dirai ma pensée qu’à la dernière minute.

Là-dessus je passai mon chemin d’un air renfrogné et même un peu brutal, et laissai Mlle Geneviève toute stupéfaite, et ouvrant de grands yeux, qui se disposaient à pleurer ; mais cela ne me toucha