Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/418

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que de ceux-là ; je serai obligé de leur donner des nourrices qui me fendront le cœur, et vous me voyez désolé, madame. Naturellement je n’aime pas les enfants de contrebande, et je n’ai que vingt-quatre heures pour dire si je m’en fournirai peut-être d’une demi-douzaine, ou non. Portez-moi secours là-dedans, ayez pitié de moi. Le cachot qu’on me promet, empêchez qu’on ne me le tienne. Je suis d’avis de m’enfuir.

Non, non, me dit-elle, je te le défends, je parlerai à mon mari et je te garantis que tu n’as rien à craindre ; va, retourne à ton service sans inquiétude.

Après ce discours, elle me quitta pour continuer sa lecture, et moi, je me rendis auprès de mon petit maître qui ne se portait pas bien.

Il fallait, en m’en retournant, que je passasse devant la chambre de Geneviève qui en avait laissé la porte ouverte, et qui me guettait, assise et fondant en larmes.

Te voilà donc, ingrat ! s’écria-t-elle aussitôt qu’elle me vit, fourbe, qui, non content de refuser ma main, m’accable encore de honte et de mépris ! Et c’était en me retenant par ma manche qu’elle m’apostrophait sur ce ton.