Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/447

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Nos dames ne mangeaient point de bouilli, il ne faisait que paraître sur la table, et puis on l’ôtait pour le donner aux pauvres.

Catherine à son tour s’en passait, disait-elle, par charité pour eux, et je consentis sur-le-champ à devenir aussi charitable qu’elle. Rien n’est tel que le bon exemple.

Je sus depuis que mon devancier n’avait pas eu comme moi part à l’aumône, parce qu’il était trop libertin pour mériter de la faire, et pour être réduit au rôt et au ragoût.

Je ne sais pas au reste comment nos deux sœurs faisaient en mangeant, mais assurément c’était jouer des gobelets que de manger ainsi.

Jamais elles n’avaient d’appétit ; du moins on ne voyait point celui qu’elles avaient ; il escamotait les morceaux ; ils disparaissaient sans qu’il parût presque y toucher.