Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/479

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mademoiselle ; il faudrait donc pour cet effet que vous missiez un crêpe sur votre visage ? car tant qu’on le verra, c’est du miel qui fera venir les mouches. Jerni de ma vie ! qui est-ce qui ne voudrait pas marier sa mine avec la vôtre, quand même ce ne serait pas par devant notaire ? Si j’étais aussi bien le fils d’un père qui eût été l’enfant d’un gros fermier de la Beauce, et qui eût pu faire le négoce : ah ! pardi, nous verrions un peu si ce minois-là passerait son chemin sans avoir affaire à moi.

Mlle Habert ne répondait à mes discours qu’en riant presque de toute sa force, et c’était d’un rire qui venait moins de mes plaisanteries, que des éloges qu’elles contenaient. On voyait que son cœur savait bon gré au mien de ses dispositions.

Plus elle riait, plus je poursuivais. Petit à petit mes discours augmentaient de force ; d’obligeants, ils étaient déjà devenus flatteurs, et puis quelque chose de plus vif encore, et puis ils approchaient du tendre ; et puis, ma foi, c’était de l’amour, au mot près que je n’aventurai point, parce que je le trouvais trop