Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/484

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On parla encore assez longtemps debout, après quoi elle s’approcha de la porte, où se fit une autre station, qui enfin termina l’entretien, et pendant laquelle Mlle Habert, caressée, flattée sur son air doux et modeste, sur l’opinion qu’on avait de ses bonnes qualités morales et chrétiennes, de son aimable caractère, conclut aussi le marché de l’appartement.

Il fut arrêté qu’elle y viendrait loger trois jours après ; on ne demanda ni avec qui, ni combien elle avait de personnes qui la suivraient ; c’est une question qu’on oublia dans le nombre des choses qui furent dites. Ce qui fut fort heureux ; car on verra que Mlle Habert aurait été très embarrassée s’il avait fallu répondre sur-le-champ là-dessus.

Nous voilà donc en chemin pour nous en retourner ; je passe une infinité de choses que nous nous dîmes encore, Mlle Habert et moi. Nous parlâmes de l’hôtesse chez qui nous devions loger.

J’aime cette femme-là, me dit-elle, il y a apparence que nous serons bien chez elle, et il me tarde déjà d’y être : il ne s’agit plus que de trouver une cuisinière ; car je t’avoue, Jacob, que je ne veux point de Catherine ; elle a l’esprit rude et difficile, elle serait toujours en commerce avec ma sœur, qui est naturellement curieuse, sans compter que toutes les dévotes le sont ; elles se dédommagent des péchés qu’elles ne font pas par le plaisir de savoir les péchés des autres ; c’est toujours autant de pris ; et c’est moi qui fais cette réflexion-là, ce n’est pas Mlle