Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/491

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tapissier pour détendre mon cabinet et ma chambre, et dis-lui qu’il se charge aussi des voitures nécessaires pour emporter tous mes meubles ; une journée suffira pour transporter tout, si on veut aller un peu vite. Je voudrais que cela fût déjà fait, lui dis-je, tant j’ai hâte que nous buvions ensemble ; car là-bas il faudra bien que mon assiette soit vis-à-vis la vôtre, attendu qu’un parent prend ses repas avec sa parente ; ainsi faites votre compte que dès demain tout sera détalé dès sept heures du matin.

Ce qui fut conclu fut exécuté. Mlle Habert soupa. Devenu hardi avec elle, je l’invitai à boire à la santé du cousin le dernier coup que je lui versai, pendant que Catherine, qui de temps en temps montait pour la servir, était allée dans sa cuisine.

La santé du cousin fut bue, il fit raison sur-le-champ ; car dès qu’elle eut vidé sa tasse (et c’en était une), je la remplis d’une rasade de vin pur ; et puis : À votre santé, cousine ! Après quoi je descendis pour souper à mon tour.

Je mangeai beaucoup, mais je mâchai peu pour avoir plus tôt fait ; j’aimais mieux courir les risques d’une indigestion que de demeurer longtemps avec Catherine, dont l’inquiète curiosité me tracassa beaucoup, et, sous prétexte d’avoir à me lever matin le lendemain, je me retirai vite en la laissant tristement ébahie de tout ce qu’elle voyait, aussi bien que de la précipitation avec laquelle j’avais entassé mes morceaux sans lui avoir répondu que des monosyllabes.

Mais, Jacob, dis-moi donc ceci ? conte-moi donc cela ? Ma foi, dame Catherine, Mlle Habert