Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/51

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Quand il eut fini : Monsieur, lui dis-je sans lui faire aucun reproche, et sans relever un seul mot de ce qu’il avait dit, je dois rendre justice à Mlle Varthon ; ne l’accusez pas d’avoir sacrifié votre lettre, elle ne me l’a donnée ni par mépris ni par dédain pour vous ; je ne l’ai eue qu’à la suite d’un entretien que nous eûmes hier ensemble, et elle ne savait ni l’intérêt que je prenais à vous, ni celui que j’avais la vanité de croire que vous preniez à moi, je vous assure.

Mais la vanité, reprit-il avec une physionomie toute renversée, la vanité ! mais il n’y en a point là-dedans ; c’est un fait, mademoiselle.

Monsieur, lui répondis-je d’un ton modeste, ayez, je vous prie, la bonté de m’écouter jusqu’à la fin.

Mlle Varthon, à qui vous rendîtes une visite il y a quelques jours, me dit, quand elle vous eut quitté, qu’elle sortait d’avec le fils de Mme de Miran, qui était venu de sa part lui demander de ses nouvelles et des miennes ; et de la lettre que vous veniez de lui donner en même temps, elle ne m’en dit pas un mot. Mais hier, en apprenant que notre mariage était conclu, elle demeura interdite.

Ah ! Ah ! interdite ! s’écria-t-il. Eh ! d’où vient ? Vous me surprenez ; que lui importe ?

Je n’en sais rien, répondis-je. Mais quoi qu’il en soit, je m’en aperçus ; je lui en demandai la raison, je la pressai ; l’aveu de la lettre lui échappa, et elle me la montra alors.

À la bonne heure, reprit-il encore ; elle était fort la maîtresse, et ce n’était pas là vous montrer quelque