Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/53

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votre charge pour nous marier, d’autant plus que vous l’avez vous-même, il n’y a pas longtemps, fort pressée pour ce mariage ; qu’elle croira vous combler de joie en l’avançant. Oh ! je vous demande, irez-vous tout d’un coup lui dire que vous ne voulez plus qu’il en soit question ? Je la connais, monsieur. Madame votre mère a un cœur plein de droiture et de vertu ; et sans compter le chagrin que vous lui feriez, cela lui causerait encore une surprise qui vous nuirait peut-être dans son esprit ; et il faut tâcher de lui adoucir un peu cette aventure-ci. Une mère comme elle, est bien digne d’être bien ménagée ; et moi-même, pour tous les biens du monde, je ne voudrais pas être cause que vous fussiez mal auprès d’elle, j’en serais inconsolable. Eh ! qui suis-je, pour être le sujet d’une querelle entre vous et Mme de Miran, moi qui vous ai l’obligation de la bienveillance qu’elle a pour moi, et de tous les bienfaits que j’en ai reçus ? Ah ! mon Dieu, ce serait bien alors que vous auriez raison de détester le jour où vous avez connu cette malheureuse orpheline ; mais c’est à quoi je ne donnerai pas lieu, si je puis. Ainsi, monsieur, voyez comment vous souhaitez que je me conduise, et quel arrangement nous prendrons, afin de vous épargner les inconvénients dont je parle. Je ferai tout pour vous, hors de dire que je ne vous aime plus ; ce qui n’est pas encore vrai, et ce qu’après tout ce qui s’est passé je n’aurais pas même la hardiesse de dire, quand ce serait une vérité. Mais, à l’exception de ce discours, vous n’avez qu’à me dicter ceux que vous trouverez