Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/64

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t’être préférée ? Peut-elle te valoir ? Espère-t-elle de le retenir ? Dis-moi, t’a-t-on dit qui elle est ?

Vous le saurez sans doute, ma mère ; il faudra bien qu’il vous le dise lui-même, répondis-je ; dispensez-moi, je vous prie, de vous en apprendre davantage. Mademoiselle, reprit encore Mme de Miran en s’adressant à ma rivale, ma fille est votre amie ; je suis persuadée que vous êtes instruite, elle vous a apparemment tout confié ; ne se tromperait-elle point ? Cette nouvelle inclination est-elle bien prouvée ? J’ai quelquefois envoyé Valville à votre couvent ; serait-ce là qu’il aurait vu celle dont il s’agit ?

Dans le cas où se trouvait Mlle Varthon, il aurait fallu plus d’âge et plus d’usage du monde qu’elle n’en avait pour être à l’épreuve d’une pareille question. Aussi ne put-elle la soutenir, et rougit-elle d’une manière si sensible que ces dames furent tout d’un coup au fait.

Je vous entends, mademoiselle, lui dit Mme de Miran ; vous êtes assurément fort aimable ; mais, après ce qui arrive à ma fille, je ne vous conseille pas de compter sur le cœur de mon fils.

Je ne me serais attendue à votre comparaison, ni à votre conseil, madame, répondit Mlle Varthon avec une fierté qui fit cesser son embarras. À l’égard de monsieur votre fils, tout ce que je pense de son amour en cette occasion-ci, c’est qu’il m’offense ; et j’aurais cru que c’était là tout ce que vous en auriez pensé aussi. Mais, madame, il se fait tard,