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Je m’arrêtai là ; une cloche sonna qui l’appelait à l’église. Revenez donc me voir, me dit-elle d’une voix presque étouffée, et elle me quitta.

Je restai encore quelques moments assise. Tout ce que je venais d’entendre avait fait une si grande révolution dans mon esprit, et je revenais de si loin, que, dans l’étonnement où j’étais de mes nouvelles idées, je ne songeais point à sortir de ce parloir.

Cependant le jour baissait ; je m’en aperçus à travers ma rêverie, et je rejoignis la femme de chambre qui m’avait amenée. Je la trouvai qui venait me chercher.

Me voilà donc, comme je vous l’ai déjà dit, entièrement guérie de l’envie d’être religieuse, guérie à un point que je tressaillais en réfléchissant que j’avais pensé l’être, et qu’il s’en était peu fallu que je n’eusse donné ma parole. Heureusement je n’avais pas été jusque-là, je n’avais encore paru que tentée d’embrasser cet état.

Madame de Sainte-Hermières, chez qui je revins pour quelques moments, voulut me retenir à coucher ; mais, sans compter que je désirais d’être seule pour me livrer tout à mon aise à la nouveauté de mes réflexions, je croyais avoir le visage aussi changé que l’esprit, et j’appréhendais qu’elle ne s’aperçût à ma physionomie que je n’étais plus la même ; de sorte que j’avais besoin d’un peu de temps pour me rassurer, et pour prendre une mine où l’on ne connût rien, je veux dire ma mine ordinaire.

Je ne me rendis donc point à ses instances, et m’en retournai chez M. Villot, où j’achevai de me familiariser moi-même avec mon changement, et où je rêvai aux moyens de ne le laisser entrevoir qu’insensiblement aux autres ; car j’aurais été honteuse de les désabuser trop brusquement sur mon compte ; je voulais m’épargner leur surprise. Mais apparemment je m’y pris mal ; je ne m’épargnai rien.

J’oubliais une circonstance qu’il est nécessaire que vous sachiez ; c’est qu’en m’en retournant chez mon fermier avec la femme de chambre qui m’avait accompagnée au couvent, le rencontrai ce jeune homme dont m’avait entretenue la