Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/64

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nouveau mariage que je médite ; son amitié ne m’en dédira pas. Pour vous, mes enfants, plaignez-vous, c’est moi qui ai tort ; en effet, j’abuse du pouvoir que j’ai sur vous ; plaignez-vous, je vous le conseille, cela soulage ; mais je ne veux pas vous entendre, vous m’attendririez trop ; allez, sortez sans me répondre, et laissez-moi parler à M. Ergaste, qui arrive.

Lucile, en partant.

J’étouffe.



Scène III

M. ERGASTE, M. ORGON, FRONTIN.
M. Ergaste.

Vous voyez un homme consterné, mon cher ami ; il n’y a nulle apparence au mariage en question, à moins que de violenter des cœurs qui ne semblent pas faits l’un pour l’autre ; je ne saurais cependant pardonner à mon fils d’avoir cédé si vite à l’indifférence de Lucile ; j’ai même été jusqu’à le soupçonner d’aimer ailleurs, et voici son valet à qui j’en parlais ; mais, soit que je me trompe, ou que ce coquin n’en veuille rien dire, tout ce qu’il me répond, c’est que mon fils ne plaît pas à Lucile, et j’en suis au désespoir.

Frontin, derrière.

Messieurs, un coquin n’est pas agréable à voir ; voulez-vous que je me retire ?

M. Ergaste.

Attends.

M. Orgon.

Ne vous fâchez pas, monsieur Ergaste ; il y a