Page:Marot - Les Œuvres, t. 4, éd. Guiffrey, 1929.djvu/399

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Une aultre Dame au costé droit venoit,
A qui trop peu de chanter souvenoit :
D’ung Haubin noir, de pareure tanée
Montée estoit, la plus triste, et tannée,
Qui fut alors soubz la haulteur Celique :
Helas c’estoit Françoyse Republique,
Laquelle avoit en maintz lieux entamé
Son Manteau bleu, de fleurs de Lis semé :
Si derompoit encor de toutes pars
Ses beaulx cheveulx sur elle tous espars ;
Et pour son train ne menoit avec elle
Sinon Douleur, Ennuy, et leur sequelle,
Qui la servoient de tout cela, qui duyt,
Quand au Sepulchre ung Amy on conduyt.
De l’aultre part cheminoit en grand peine
Le bon hommeau Labeur, qui en la Plaine
Avoit laissé Bœufz, Charrue, et Culture
Pour ce corps mort conduire en Sepulture :
Mais, bien lava son visage haslé
De force pleurs, ains que là fut allé.
Lors je voyant telle pompe mondaine
Presupposay en pensée soubdaine,
Que là gisoit quelcque Prince de nom :
Mais tost apres feuz adverty, que non,
Et que c’estoit ung Serviteur Royal,
Qui fut jadis si prudent, et loyal,
Qu’apres sa mort son vray Seigneur, et Roy,
Luy ordonna ce beau funebre arroy,
Monstrant au doid, combien d’amour desservent
De leurs Seigneurs les Servans, qui bien servent.
Et comment sceu je alors, qui estoit l’homme ?
Autour de luy ne veoy, qui le me nomme,
Et m’en enquiers : mais le cueur, qui leur fend,
Toute parolle à leur bouche deffend.
Si vous diray, comment doncques j’ay sceu
Le nom de luy. Ce Char, que j’apperceu,
N’estoit paré de Rouge, Jaune, ou Vert,