Page:Marot - Les Œuvres, t. 4, éd. Guiffrey, 1929.djvu/408

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Veu que sa fin n’est rien que damnement.
Et dy, qu’il n’est plaisir, que desplaisance,
Veu que sa fin redonde à saulvement.

Quel desplaisance entendz tu, que je dye ?
Craindre mon dard ? cela n’entendz je point ;
J’entendz pour Dieu souffrir Dueil, Maladie,
Perte, et Meschief, tant viennent mal appoint :
Et mettre jus de gré (car c’est le poinct)
Desirs mondains, et Lyesses charnelles :
Ainsi mourant soubz ma Darde, qui poingt,
Tu en auras, qui seront eternelles.

Doncques pour moy contristé ne seras,
Ains par fiance, et d’ung joyeulx courage,
Pour à Dieu seul obeyr, laisseras
Tresors, Amys, Maison, et Labourage.
Cler temps de loing, est signe que l’Orage
Fera de l’Air tost separation.
Aussi tel’foy au mourant personnage
Est signe grand de sa salvation.

Jesus, affin que de moy n’eusses craincte,
Premier que toy voulut mort encourir :
Et en mourant ma force a si estaincte,
Que quand je tue, on ne sçauroit mourir
Vaincue m’a pour les siens secourir :
Et plus ne suis qu’une porte, ou entrée,
Qu’on doibt passer voulentiers, pour courir
De ce vil Monde en celestre Contrée.

Jadis celluy, que Moyse l’on nomme,
Ung grand Serpent tout d’Arain eslevoit :
Qui (pour le veoir) pouvoit guerir ung homme,
Quand ung Serpent naturel mors l’avoit.
Ainsi celluy, qui par vive Foy voit
La mort du Christ, guerist de ma blessure :