Page:Marot - Les Œuvres, t. 4, éd. Guiffrey, 1929.djvu/414

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L’herbe à soubhait, les Vents non violens,
Puis toy Colin, qui de chanter fait rage.
A Pan ne veulx rabaisser son hommage :
Mais quant aux Champs tu l’accompaignerois,
Plus tost proffit en auroit, que dommage :
Il t’apprendroit, et tu l’enseigneroys.
Quant à chansons, tu y besongneroys
De si grand art, s’on venoit à contendre,
Que quand sur Pan rien tu ne gaigneroys,
Pan dessus toy rien ne pourroit pretendre.
S’il gaigne en pris ung beau Frommage tendre,
Tu gaigneras ung pot de Laict caillé :
Ou si le Laict il ayme plus cher prendre,
A toy sera le Frommage baillé.

Colin

Berger Thenot je suis esmerveillé
De tes chansons : et plus fort je m’y baigne
Qu’à escouter le Lynot esveillé,
Ou l’Eaue qui bruyt tombant d’une Montaigne.
Si au matin Calliope te gaigne,
Contre elle au soir obtiendras le Butin :
Ou s’il advient, que ta noble compagne
Te gaigne au soir, tu vaincras au matin.
Or je te pry, tandis que mon Mastin
Fera bon guet, et que je feray paistre
Noz deux trouppeaulx, chante ung peu de Cathin,
En deschiffrant son bel habit champestre.

Thenot

Le Rossignol de chanter est le maistre,
Taire convient devant luy les Pivers :
Aussi estant là, où tu pourras estre,
Taire feray mes Chalumeaulx divers.