Page:Marot - Les Œuvres, t. 4, éd. Guiffrey, 1929.djvu/421

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Approche toy, et te mectz en ma place,
Pour exalter avec meilleure grâce
Celle, de qui je me suis entremys,
Non (pour certain) que d’en parler me lasse,
Mais tu as tort, que tu ne la gemys.
Et toy Thenot, qui à plorer t’es mys
En m’escoutant parler de la tresbonne,
Delivre moy le Chalumeau promis,
A celle fin qu’en concluant la sonne :
Et : que du son rende grâces, et donne
Louange aux Dieux des haultz Montz, et des Plains,
Si haultement, que ce Val en resonne :
Cessez mes vers, cessez icy vos plaindz.

Thenot

O franc Pasteur, combien tes Vers sont pleins
De grand doulceur, et de grand amertume :
Le chant me plaist, et mon cueur tu contraincts
A se douloir plus qu’il n’a de coustume.
Quand tout est dit, Melpomene allume
Ton stille doulx à tristement chanter :
Oultre, il n’est cueur (et fust ce un cueur d’Enclume)
Que ce propos ne feist bien lamenter.
Parquoy (Colin) sans flater, ny vanter,
Non seulement le bon flageol merites,
Ains devroit on Chappeau te presenter
De vert Laurier pour choses tant bien dictes.
Sus, grans Taureaux, et vous Brebis petites
Allez au Tect, assez avez brousté :
Puis le Soleil tombe en ces bas limites,
Et la Nuyct vient devers l’autre costé.