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Page:Martin - Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, tome II.djvu/45

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notre-dame de fourvière

Voici un autre cadre de dimension plus modeste, mais où l’on reconnaît, sans hésitation, la scène que l’artiste, plus sincère qu’habile, a tenté de représenter : la Saône, charriant à pleins bords d’énormes glaçons, et un infortuné marinier, accroché à l’un d’entre eux, transi et paralysé de froid, entraîné et roulé par le courant, à chaque minute et par chaque flot menacé d’être englouti. Lyon n’oublia pas de longtemps ce tragique spectacle. C’était un peu avant midi, le 9 janvier 1820, que la débâcle avait commencé ; des milliers de spectateurs avaient vu Pierre Guérin, au milieu du fleuve, descendre du Pont de Pierre jusqu’en aval du Pont d’Ainay, serrant entre ses bras le bloc flottant, qui le retenait au-dessus de l’eau. Cent fois on le crut submergé ; cent fois il reparut, sans que personne n’osât lui porter secours. Au moment où l’on put enfin le saisir et le retirer, près de la Quarantaine, il avait perdu connaissance et ses habits ne formaient plus qu’une épaisse couche de glace. Lorsqu’il rendit son vœu à Notre-Dame, une foule compacte monta avec lui et assista à la messe d’action de grâces qu’il avait commandée. Sa reconnaissance ne le rendit pas moins populaire que le malheur auquel il avait échappé contre toute probabilité.

Vœu de Mgr de Pins.

Deux fois, à trois ans d’intervalle, en 1832 et en 1835, le choléra, importé des Indes, vola de Marseille à Paris et, de ville en ville, répandit partout la terreur sur son passage. Lyon, par sa situation géographique, semblait naturellement un des endroits les plus exposés au fléau ; la Provence et les départements méridionaux lui envoyaient des émigrants et leur affluence accroissait les chances de péril et les folles terreurs des imaginations, surexcitées par les plus noirs récits. Les exemples du passé se représentèrent à toutes les mémoires ; on se mit en prières ; on annonça des neuvaines ; on organisa des processions ; il y eut à Fourvière des supplications solennelles ; l’archevêque prit la tête des cortèges et n’eut pas besoin du reste de stimuler une confiance qui était au fond de toutes les âmes. L’élan à l’autel de la Mère de Dieu, de Celle que chantent ses litanies sous le vocable de Salus Infirmorum, fut universel, spontané, merveilleux d’entente et de foi. La réponse, en retour, ne fut pas moins gracieuse que la prière avait été fervente. L’avocate, que nos concitoyens s’étaient choisie, obtint de la Providence que leurs demeures et leur vie fussent préservées du microbe pestilentiel.