Page:Martin du Gard - Le Cahier gris.djvu/22

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ment graves… Nous l’avions même menacé de renvoi. Oh, pour l’effrayer, bien entendu. Il ne vous a parlé de rien ? »

— « Est-ce que vous ne savez pas comme il est hypocrite ? Il était silencieux comme d’habitude ! »

— « Le cher garçon, malgré de sérieux défauts, n’est pas foncièrement mauvais », rectifia l’abbé. « Et nous estimons qu’en cette dernière occasion, c’est surtout par faiblesse, par entraînement, qu’il a péché : l’influence d’un camarade dangereux, comme il y en a tant à Paris, d’un de ces malheureux garçons pervertis… »

M. Thibault coula vers le prêtre un coup d’œil inquiet.

— « Voici les faits. Monsieur, dans l’ordre : c’est jeudi dernier… » Il se recueillit une seconde, et reprit sur un ton presque joyeux : « Non, pardon, c’est avant-hier, vendredi, oui, vendredi matin pendant la grande étude. Un peu avant midi, nous sommes entrés dans la salle, rapidement comme nous faisons toujours… » Il cligna de l’œil du côté d’Antoine : « Nous tournons le bouton sans que la porte bouge, et nous ouvrons d’un seul coup.