Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/100

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La nomination de Dirois n’était que provisoire[1] et restait subordonnée à l’approbation de la Compagnie ; Dupleix se pourvut aussitôt près d’elle. Son frère et le directeur d’Hardancourt plaidèrent activement sa cause, et comme le poste et le titre de directeur au Bengale étaient bons pour le succès des affaires, il y eut de l’argent répandu pour les obtenir. Les droits de Dupleix primant manifestement ceux de Dirois, il ne fut pas malaisé à la Compagnie de lui donner satisfaction et, par lettre du 26 septembre 1730, arrivée à Pondichéry le 24 juillet 1731, elle le nomma directeur.

« Tu dois être assuré, écrivit Dupleix à son frère le 30 novembre suivant, trois mois après son arrivée à Chandernagor, de la mortification qu’a reçue M. Lenoir. Elle ne parut que peu à la réception des lettres de la Compagnie. Il en avait été prévenu plus d’un mois et demi avant, par quelques lettres qu’il reçut par les vaisseaux de la Compagnie anglaise. Il m’apprit dans ce temps que tu avais été nommé fermier général. Je jugeai bien que, puisqu’on parlait de toi, c’était à mon sujet, n’étant pas fort nécessaire qu’il sut que tu fusses fermier général. Il ne me dit rien de plus. Son silence, son chagrin me firent penser ce qui est arrivé. Nous nous sommes quittés les meilleurs amis du monde en apparence ; beaucoup d’honnêtetés ; j’ai fait comme tu me le marques toutes les années ; s’il n’en est pas content, je m’en mets peu en peine, je ne suis pas sous ses ordres, qu’autant que je le juge nécessaire au bien du service ; hors de là je

  1. Les prédécesseurs de Dirois furent, après Deslandes, retiré du service en 1700, Pierre Dulivier (1701-1707) ; Jean Samuel de Labat, intérimaire (1707) ; François de Flacourt (1708-1711) ; Claude Boyvin d’Hardancourt (1711-1717) ; Labat (septembre 1717-mars 1721) ; François de la Boixière, seigneur de Boisrolland (1721-1726), et enfin d’Aguin de la Blanchetière, second du comptoir de Chandernagor. Ce dernier, nommé par décision du Conseil supérieur du 23 décembre 1726, mourut le 29 août 1729. En attendant l’arrivée de Dirois, désigné comme directeur intérimaire par le Conseil supérieur, Guillaudeu fut chargé de l’expédition des affaires.