Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

inopérantes, un autre acte du Parlement de l’année 1723 interdit formellement aux Anglais de s’intéresser dans des entreprises étrangères dans l’Inde, sous peine d’amende égale au triple de la somme embarquée, sans préjudice de la confiscation des marchandises et de l’emprisonnement des délinquants. Le roi de France, que les succès de l’Empereur troublaient beaucoup moins, défendit pourtant de son côté (16 août de la même année) à ses sujets de s’intéresser dans le commerce d’Ostende, à peine de 3.000 livres d’amende, dont moitié au profit du Trésor et moitié au profit des dénonciateurs, sans compter la confiscation de tous les objets ou fonds qu’ils pourraient avoir dans l’entreprise.

En dépit de ces oppositions manifestes, l’empereur continua avec plus d’assurance que jamais à favoriser les armements d’Ostende. Il n’avait pas encore d’établissement régulièrement concédé dans l’Inde, mais par une tolérance des autorités locales, ses navires pouvaient sans être inquiétés stationner à Coblon à la côte Coromandel, entre Madras et Sadras, et à Isapour ou Banquibazar sur l’Hougly, à quelques lieues en amont de Calcutta. Il ne lui paraissait pas douteux qu’un jour sans doute assez rapproché il obtiendrait du nabab le firman nécessaire pour établir un comptoir ; mais il fallait une compagnie à qui l’attribuer et jusqu’alors il n’y avait eu dans l’Inde que des voyages particuliers, encore que les armateurs fussent à peu près toujours les mêmes. Assuré de l’avenir par une expérience de près de dix ans, l’empereur crut qu’il pouvait enfin consacrer son œuvre par une proclamation officielle et, en août 1728, il constitua la Compagnie d’Ostende au capital de 6 millions de florins. À peine émises, les actions furent aussitôt souscrites et donnèrent dès 1726 un dividende de 32 ½ %.