Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

atmosphère calme sans avoir été préparé dans le lointain, il nous paraît tout à la fois intéressant et utile de reproduire avec quelques développements les observations dont Dupleix crut devoir accompagner l’élévation de La Bourdonnais. Ces appréciations pour lesquelles il ne demandait pas le secret furent sans doute connues du gouverneur des îles qui, étant lui-même d’un caractère peu conciliant, dut en concevoir un ressentiment dont l’affaire de Madras ne fut que la conséquence logique et insoupçonnée.

Procédons par citations ; dans l’occurrence elles ont plus de valeur que l’analyse même la plus exacte. Dupleix écrit d’abord à La Bourdonnais, comme il avait écrit à Lenoir, sans laisser apparaître ses véritables sentiments : « Je vous félicite, lui dit-il, du choix que la Compagnie a fait de vous pour gouverner ces îles ; je souhaite que vous puissiez réussir dans toutes vos entreprises et que vous puissiez faire de l’île de France un lieu de sûreté et de rafraîchissement pour les vaisseaux.

« II est très nécessaire pour le bien du service que les chefs des établissements de la Compagnie entretiennent entre eux une bonne union ; je vous promets que de mon côté je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir pour n’y apporter aucune altération. Je suis très sensible aux offres de service que vous me faites ; j’en profiterai dans l’occasion comme je vous prie de faire des miens que je vous offre volontiers vous priant de me continuer votre amitié. » (Lettre du 19 décembre 1735)[1].

Cette concession faite aux convenances, Dupleix ne ménage pas la Bourdonnais avec ses divers correspondants.

  1. Ars. 4743, p. 60.