Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/206

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prudent d’accéder à cette demande ; il y avait trop de risques à courir, si la lettre se perdait ou tombait entre les mains des Maures.

Dupleix ne fut pas moins perplexe ; une révolution à Delhi pouvait avoir des répercussions immédiates et profondes au Bengale où l’autorité du nabab comme notre propre existence étaient à la merci des événements. Malgré les mauvais traitements de Sujah Khan et de son entourage, il n’était pas prouvé qu’un nouveau régime dût nous être plus favorable ; nos privilèges couraient au moins le risque d’être remis en discussion et, pour en obtenir confirmation, c’étaient des débours considérables en perspective, Dupleix, plus disposé d’ordinaire à suivre ses propres inspirations, demanda à Dumas des ordres précis sur la conduite qu’il devrait tenir si le roi de Perse se rendait effectivement maître de l’empire mogol. Le 20 avril 1739, cette révolution paraissait encore à Pondichéry éloignée et fort douteuse ; toutefois Dumas n’en écartait pas absolument la possibilité. Sa réponse à Dupleix s’explique tout à la fois par l’absence de nouvelles précises et récentes et par la crainte de l’inconnu. Si la révolution devait arriver et qu’il ne restât aucun doute à ce sujet, Dupleix pouvait prendre les mesures qui lui paraîtraient les plus convenables pour tirer de cet événement quelque avantage pour le commerce de la Compagnie, soit par intermédiaire de de Volton, soit par toute autre voie. Mais Dumas prévoyait qu’il en coûterait beaucoup à la Compagnie. Il ne croyait pas qu’il fut à propos d’expédier un employé à Delhi, à moins d’être sûr de réussir ; il faudrait alors que Thamas Kouli Khan fut reconnu empereur de tout l’Indoustan et surtout dans le Bengale. Il valait mieux peut-être envoyer à de Volton un mémoire des demandes