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Mazulipatam et de Rajamandry. Par délégation des droits de l’empereur, il pouvait encore revendiquer la suzeraineté sur les royaumes du sud de l’Inde, ceux de Tanjore et de Trichinopoly, mais c’était une suzeraineté illusoire ; ces états ne reconnaissaient en réalité que l’autorité directe des Mogols.


Le Carnatic, dont faisait partie le territoire de Pondichéry, avait été, depuis la chute du royaume de Golconde, vigoureusement disputé entre les généraux maures d’Aureng-Zeb et les Marates de Pouna, qui étaient parvenus à s’emparer de Gingy et à établir à Tanjore une dynastie de leur race. À la fin, les généraux maures Zoulfikar Khan et son lieutenant Daoud Khan l’avaient emporté. Appelés l’un et l’autre à combattre en dehors du Décan pour la sécurité de l’empire, Zoulfikar Khan, nommé vice-roi en 1692, avait délégué en 1703 ses pouvoirs à Daoud Khan, qui les avait transmis à son tour dans le Carnatic à l’un de ses officiers nommé Sadat-oulla-Khan (1710). Celui-ci avait fait d’Arcate le siège de sa principauté et avait pris le titre de nabab, qu’à son exemple on ne tarda pas à usurper peu à peu de tous les côtés. Sadat-oulla fut le véritable maître du pays jusqu’à sa mort en 1732. Il devait naturellement tribut et obéissance au soubab dont il relevait ; c’est à lui qu’avaient affaire les Anglais de Madras et les Français de Pondichéry. Ni les uns ni les autres n’avaient eu jusqu’en 1722 à se plaindre de ses mauvais procédés, non plus que de l’intervention dans leurs affaires des soubabs du Décan, encore mal affermis en leur gouvernement. Sadat-oulla n’ayant pas d’enfants avait adopté deux fils de son frère, l’un Dost Ali, à qui il réservait sa succession et l’autre Boker Ali, qu’il nomma gouverneur de Vellore.