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l’empêchent de vous faire et à nous des envois plus considérables ; voilà le fruit de ces riches cargaisons dont vous avez fait parade à la Compagnie[1]. »

Faut-il incriminer complètement cette parade ? nous dirions aujourd’hui bluff. Nous ne le pensons pas. Dans ses lettres de 1731 et de 1732, la Compagnie demandait surtout des assortiments de marchandises fines ; en les envoyant Dupleix fut le fidèle exécuteur d’ordres reçus. Mais le Conseil supérieur, connaissant mieux la situation de la Colonie, voyait les choses tout différemment et, plus conscient de sa responsabilité, n’hésitait pas à méconnaître les ordres transmis : « Nous vous répétons encore, écrivait-il, à Dupleix, le 27 mars, que vous ne devez point suivre ses états d’assortiments (de la Compagnie) et que vous devez vous attacher par préférence aux grosses marchandises, qui est le seul moyen de bien charger les vaisseaux et de ne pas vous endetter[2]. »

Tant d’admonestations, tant d’instructions, tant d’ordres finirent par être entendus ; le Philibert et la Duchesse repartirent de Chandernagor au début de 1735 avec des marchandises grosses presque exclusivement. Ils emportaient en outre 300 milliers de poivre et 220 milliers de bois rouge, venus de Mahé et de Pondichéry. Le chargement du Philibert fut de 439.138 roupies, celui de la Duchesse de 538.825. Il fut en outre expédié à Pondichéry par un des bateaux de décembre 300 balles de marchandises, qui furent emportées le 29 janvier par l’Apollon et le Chauvelin.

Ces opérations terminées, le Conseil de Chandernagor se trouva encore redevable d’une somme de 400.000 rou-

  1. C. P., t. III, p. 271.
  2. C. P., t. III, p. 261.