Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/315

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Les opérations du Bengale purent donc s’accomplir dans des conditions à peu près normales, malgré la perte du Philibert. Il y eut seulement quelque retard dans la passation des contrats ; les banians hésitèrent à nous continuer leur confiance ; les marchandises furent par suite trop vite exécutées et leur visite moins rigoureuse. L’incursion de Nadir Cha ajouta encore à ces difficultés. Nous ignorons comment Dupleix fit ses chargements habituels et quelle fut leur valeur ; nous savons seulement que nos navires repartirent en temps opportun pour arriver en France le 18 juin et le 24 juillet 1740 et qu’après leur départ Dupleix se trouva fort obéré ; le 12 janvier 1740 il évaluait ses dettes à 100.000 roupies et calculait qu’il lui faudrait environ 100.000 marcs tant pour les éteindre que pour bien charger les navires attendus. Il eut beaucoup de mal pour maintenir la confiance en notre crédit et reconnut que, depuis son arrivée à Chandernagor, il ne s’était jamais trouvé dans une situation aussi difficile. Il est juste d’ajouter qu’il ne fut pas un instant effrayé des responsabilités qui lui incombaient ; il les accepta avec courage et bonne grâce.


1740.

Les opérations de 1740 se présentèrent d’abord dans des conditions favorables. La Thétis et la Paix n’étaient arrivées à Lorient que les 23 mai et 18 juin 1740, avec huit mois de retard. La Duchesse se perdit en mer. La Compagnie manquant ainsi la vente de ses produits de l’Inde ne put envoyer autant d’argent qu’elle l’eut désiré ; elle destina seulement 80.000 marcs pour Pondichéry et 66.000 pour Chandernagor. La moitié ou le tiers de cette dernière somme devait être en matières