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condition expresse qu’il ne serait question de commerce qu’après la conclusion d’un traité et que si les marchandises étaient un obstacle à ce traité, il n’en serait vendu aucune pièce[1].

Comme tous les ans on fit un certain commerce avec les îles. La Bourdonnais, qui pouvait déjà recruter au Bengale des topas et des lascars, fut autorisé à y acheter chaque année un certain nombre d’esclaves ; la Légère lui ramena au début de 1736 une trentaine de lascars. Cette frégate avait eu une singulière aventure. Partie de Bourbon en février 1733 pour aller hiverner à Madagascar, elle se trouva portée à l’île d’Anjouan où le Lys et le Duc-d’Anjou la trouvèrent désemparée au début de 1735. Malgré le site enchanteur de cette île et l’exubérance de sa végétation, qui en fait un des endroits les plus charmants du monde, une partie de l’équipage était mort. Le Lys et le Duc-d’Anjou lui en donnèrent un de rechange, aussi réduit que possible, et la Légère put arriver péniblement à Pondichéry le 15 août en faisant de l’eau. Aucune partie essentielle n’était gravement endommagée, le Conseil supérieur l’envoya au Bengale pour s’y faire réparer. Elle en repartit le 15 février suivant avec 100 sacs de sucre, du beurre, de l’huile, du riz et des gonis, d’une valeur totale de 12.867 roupies. Les officiers de la Légère avaient utilisé leur port-permis en chargeant de riz la moitié du navire, sans laisser suffisamment de place pour les autres marchandises. Sur les plaintes du Conseil de l’île de France, il fut décidé qu’à l’avenir le port-permis ne pourrait plus jouer que pour les objets moins encombrants, tels que le sucre et la bougie.

  1. C. P. I, p. 349.