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mentané, sans traditions ni expérience du pays, agissaient le plus souvent à leur fantaisie, se déclaraient chefs de la nation et s’avisaient parfois d’écrire directement au roi de Perse et à ses principaux officiers et de leur faire, sans autorité, des promesses d’établissement dans leur pays. Cela donnait un certain relief au comptoir de Chandernagor. La nomination d’un consul détruisait cet apparat de souveraineté, en même temps qu’elle réglait les fantaisies et prévenait les fautes. Désormais, toutes les opérations commerciales devraient se faire par l’intermédiaire du consul responsable vis-à-vis de la Compagnie et des autorités locales. Ce consul, mis au fait du commerce du pays, connaissant les bons et les mauvais marchands, ferait vendre les marchandises avec plus de sûreté, en prenant à l’avance les mesures nécessaires pour que la défaite d’une cargaison pût s’effectuer la même année[1].

Nous n’avons pas le texte de la lettre de Dupleix du 19 décembre ; mais, d’après le Conseil supérieur, les motifs de l’opposition de Dupleix reposaient sur le désir qu’il aurait eu de pouvoir désigner lui-même le consul et sur le dépit de ne pas avoir obtenu satisfaction. Avec la désignation du consul, il eut pu continuer à avoir la haute main sur la conduite des opérations commerciales, en narguant l’autorité du Conseil de Pondichéry. « Nous avions lieu de croire, écrivait celui-ci, que si la Compagnie avait remis à la nomination de la personne du Bengale celui qui doit aller à Bassora, il n’aurait pas improuvé si fort cet établissement qui nous paraissait si convenable[2] ».

Quant aux propositions relatives à la fixation du droit

  1. A. P., t. V, p. 82.
  2. A. P., t. V, p. 73.