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Mais on ne fait pas plus du commerce que de la politique avec des principes absolus ; dès l’année 1737, Dupleix était moins intransigeant à l’égard des Katmas qui s’offraient à nous prêter de l’argent ; il estima alors qu’il convenait de ne pas les rebuter : leur bonne volonté pouvait nous être utile à l’occasion. Toutefois en envisageant cette nécessité Dupleix ne voulait pas payer un intérêt de plus de 9 à 10 % ; c’était son taux maximum ; si les Katmas l’acceptaient, il se déclarait prêta leur prendre 30.000 roupies[1].

Nous ne savons si ce prêt fut effectivement consenti. La question n’a d’ailleurs pas d’importance, ces sortes d’opérations étaient courantes. Dupleix avait constamment besoin d’argent, moins pour ses affaires personnelles que pour celles de la Compagnie, et, en attendant les fonds d’Europe, il était obligé pour pouvoir passer les contrats de marchandises, de demander des fonds aux banians ou à d’autres personnes. Fatechem de Mourchidabad et l’homme de confiance de Mirza Mohamed et de son frère était son bailleur le plus habituel : il lui avançait jusqu’à 100.000 roupies d’un seul coup, avec un intérêt annuel de 9 à 10 %. Une fois même, en 1739, Dupleix lui en demanda 300.000. Fatechem qui connaissait le crédit de la nation s’exécutait généralement d’assez bonne grâce, à moins qu’il ne voulut, pour éprouver notre patience ou faire sentir la supériorité de sa situation, nous remettre à des délais qui ne laissaient pas d’être assez embarrassants.

C’est ce qui arriva au moment de l’affaire Indinaram. Dupleix venait de demander à Fatechem de lui avancer 50 à 60.000 roupies. Fatechem le renvoya au mois de

  1. Ars. 4744, p. 87.