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bénéfice. Dumas comptait sur un bénéfice annuel de 150 à 200.000 roupies, c’est dire toute l’importance du commerce du Bengale ; c’est dire aussi combien la conversion des lingots en roupies à notre monnaie pouvait et devait en profiter.

En portant cet accord à la connaissance de Dupleix, dès le 10 septembre, Dumas ajoutait :

« Outre le bénéfice que la Compagnie tirera de la fabrication, elle ne courra point les risques d’envoyer ses fonds à Alemparvé à la discrétion des Maures et nous ne serons pas obligés de garder ici si longtemps les vaisseaux destinés pour le Gange, si elle prend le parti d’avoir toujours à sa monnaie 5 à 600.000 roupies de reste pour fournir à ses vaisseaux et à ceux des particuliers[1]. »

Or, les roupies arcates auxquelles nous allions substituer pour notre compte les roupies de Pondichéry avaient cours au Bengale depuis fort longtemps ; c’était avec elles que nous faisions les transactions les plus courantes ; les autres se réglaient avec la monnaie du pays, la roupie sicca.

Sicca est un mot hindoustani qui signifie monnaie ; la roupie sicca était la monnaie par excellence. Elle était frappée au coin et avec les armes de l’Empereur Mogol et il y avait peine de mort contre quiconque en détenait de rognées ou de fausses. Sa valeur intrinsèque était supérieure à celle de la roupie arcate : 104 grains de poids contre 102 et 11 deniers 22 grains de titre contre 11 deniers . Mais sa valeur réelle dépendait des circonstances ; elle était des plus variables. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la roupie sicca n’avait point cours dans tout le pays où elle était frappée ; il y avait

  1. C. P. I, p. 346.