Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/85

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Ainsi, en moins de quinze mois, le Conseil supérieur avait été presque entièrement modifié. Cette situation dura sans changement pendant un an ; au bout de ce temps, Dumas tint absolument à rentrer en France et, malgré les sollicitations du gouverneur, il s’embarqua le 26 octobre sur le Lys. L’amitié, et si le mot n’était pas excessif, l’admiration de son chef lui étaient restées fidèles jusqu’à la dernière heure ; l’avant-veille de son départ, Beauvollier s’adressait en ces termes à la Compagnie : « Quelque effort que j’aie fait, je n’ai jamais pu retenir ici davantage M. Dumas, et Dieu sait les peines que je vais avoir dès qu’il sera parti. Il a le don de terminer toutes les choses en peu de temps et à la satisfaction de tous. Je crois avoir eu l’honneur de vous écrire que vous ne deviez rien épargner pour gagner de tels sujets, si nécessaires dans nos comptoirs. Pour remettre les choses sur un bon pied, je ne vois point d’autre moyen que de revoir ici M. Dumas, et le bien de votre service demande que vous tentiez tout, sans rien épargner, pour le déterminer à revenir[1] ».

Il serait intéressant de connaître quels furent les rapports personnels de Dupleix avec ses collègues, notamment avec Lenoir et Dumas, qui furent ses prédécesseurs au gouvernement de l’Inde, sans que lui-même quittât la colonie. Ils vivaient alors sur le pied d’une certaine égalité, discutaient ensemble les mêmes affaires au Conseil et se communiquaient sans doute leurs impressions dans des conversations où ils s’exprimaient librement. Ils apprirent ainsi au jour le jour à connaître leur esprit, leurs tendances, leurs qualités et leurs défauts et sans doute cette connaissance mutuelle de leurs caractères ne fut pas

  1. B. N., 9354, p. 160.