Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/278

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un caractère absolu ; Dupleix par surcroît ne savait pas toujours tenir sa langue captive ; le mal qu’il pensait des gens, il éprouvait le besoin de le dire et de l’écrire. On sait[1] de quelle façon il accueillit la nomination de la Bourdonnais comme gouverneur des Îles ; si la jalousie lui fit trouver quelques expressions justes pour caractériser son rival, le dépit l’entraîna jusqu’à la médisance. C’est ainsi que, tout en ayant l’air de s’en défendre, il ne craignit pas de mettre en cause l’honneur même de Madame de la Bourdonnais. Il est impossible que l’écho de ces jugements parfois inconsidérés n’ait pas traversé les mers, peut-être même avec des déformations aggravantes.

Lorsqu’à partir de 1735 leurs fonctions réciproques les obligèrent à avoir des rapports officiels, soit pour le commerce, soit pour l’approvisionnement des îles, soit pour tout autre motif, Dupleix, qui savait la Bourdonnais puissamment soutenu par le ministre Orry et par son frère Fulvy, ne chercha point à contrarier ses projets et il ne fit aucun tort à ses opérations ou à ses armements. Ils eurent cependant un différend assez vif au sujet du commerce de la côte d’Afrique : La Bourdonnais prétendait que Dupleix ne l’avait entrepris qu’en abusant d’un rapport dont il était l’auteur. Dupleix s’en défendit énergiquement auprès de la Compagnie elle-même, ce qui était évidemment la meilleure façon de rétablir la vérité, mais aussi d’entretenir les ressentiments personnels.

Entre temps, la Bourdonnais rentré en France le 24 juillet 1740, avait épousé on secondes noces[2] Élisabeth Charlotte Combault d’Auteuil, sœur de Louis Hubert Combault

  1. V. Dupleix et l’Inde Française, t. 1, p. 148-149.
  2. Il avait épousé en première » noces Marie Anne Lebrun de la Franquerie, morte le 9 mai 1738.