Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/341

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ler. Le résultat de ces tergiversations était que le bruit se répandait dans le public « qu’il voulait marchander une somme pour son compte particulier ». Aussi ses ennemis avaient-ils beau jeu contre lui ; les Anglais n’étaient pas moins « endiablés » et le traitaient tout haut comme « un coquin fieffé ». (A. C., C2 81, p. 154-156).

Quatre jours se passèrent ainsi, après la prise de la ville, en pourparlers auxquels du côté français, la Bourdonnais fut seul à prendre part. Enfin le 26 au matin il put écrire à Dupleix :

« Je sors d’avec le gouverneur anglais, avec lequel je viens de finir presque tout accommodement de rançon. Il ne nous reste plus de différends à terminer que sur les termes des paiements et sur les lieux où ils se doivent faire. Je tiens bon pour l’Inde et lui pour l’Europe. Un jour amènera tout. Outre le détail des différents effets dont je charge mes vaisseaux, outre l’artillerie, les agrès, etc., je me suis accommodé avec lui à onze lacks de pagodes (environ quatre millions de francs) aux conditions de ne pas toucher à la ville noire. Voilà, je crois, le plus beau coup que l’on put faire dans les Indes et le plus avantageux pour la Compagnie. Je ne vous écris que ces deux mots, car je vais rentrer en conférence. »


Le traité de rançon n’était pas encore signe, il ne le fut que le 21 octobre : mais l’accord de principe suffisait pour faire perdre à Dupleix tout espoir de faire échouer le traité par de simples raisonnements ; s’il voulait y arriver, il devait employer d’autres moyens.

C’est dans ces conditions que les députés envoyés à Madras pour y complimenter la Bourdonnais et former avec lui un Conseil y arrivèrent le 26 septembre ; ils se trouvèrent tout de suite en présence d’un homme qui avait pris ses positions et paraissait résolu à les défendre.