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à l’unanimité la motion qu’il avait rendu à son pays de grands et méritoires services (mai 1773).

Les charges contre Warren Hastings étaient plus terribles encore : assassinats, concussion, trahison, tout lui fut reproché. Après un procès qu’on fit durer huit ans (1787-1795) pour fatiguer l’opinion publique et la rendre indifférente aux débats, non seulement l’accusé ne fut pas condamné, mais on lui donna une pension annuelle de 4.000 livres sterling.

La Bourdonnais ne fut pas plus coupable que Clive et que Warren Hastings. Comme eux, il profita de sa situation et de ses fonctions pour se faire remettre des présents et pour augmenter sa fortune. Mais il n’est pas prouvé que l’avidité ait réglé sa ligne de conduite ou l’ait modifiée. Même avant de partir pour Madras, il était résolu à ne pas conserver la place, ses instructions l’y autorisaient. Quand il l’eut prise, il considéra qu’avec les faibles forces dont nous disposions dans l’Inde et que son départ allait encore diminuer, il nous serait difficile de garder en même temps deux villes aussi considérables que Madras et Pondichéry, et, bien que ses prévisions n’aient pas été confirmées par les événements, elles ne manquaient pas de sagesse.

Ces motifs suffisent pour faire écarter l’accusation de trahison, qui ne fut pas retenue non plus par le Parlement. Reste le problème moral. Il se pose et ce doute n’est pas plus à l’honneur de la Bourdonnais que les exploits financiers de Clive ou de Warren Hastings n’ajoutent à leur gloire ; il faut toutefois tenir compte qu’au xviiie siècle la politique et les affaires étaient étroitement confondues aux colonies et que la prise d’une ville ennemie était en soi une bonne aubaine pouvant donner de fort appréciables profits. Rappelons à ce sujet les propositions que la