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d’Espréménil était résolu à les échouer. On apprit bientôt après que ce n’était pas seulement Madras, mais toute la côte qui était bloquée : trois vaisseaux à Goudelour, trois devant Pondichéry et une frégate à Sadras. Grâce à cette distribution des forces, aucun vaisseau français ou étranger ne pouvait plus passer sans être visité[1].

Fort heureusement la paix avait été conclue avec le nabab dans la seconde quinzaine de février, et depuis ce temps les Français et les Maures vivaient en parfaite intelligence. D’Espréménil en profita pour essayer d’organiser l’administration financière de Madras, en cherchant à tirer des aldées et de diverses fermes les revenus qu’elles donnaient au temps des Anglais. Ce ne fut pas une tâche facile et d’abord elle ne réussit pas. On ne lui offrit que des prix modiques pour les terres des aldées[2] et rien pour les fermes du tabac et du bétel ; plusieurs personnes à qui elle fut proposée la refusèrent, disant que le pays se dépeuplait tous les jours, que les Français avaient abîmé tous les jardins pendant le siège, que les Maures y avaient fait plus de dégâts encore, que pendant près de deux mois rien n’avait été arrosé et que la plus grande partie des arbres de bétel étant arrachés ou gâtés faute de culture, il faudrait en faire venir de loin, ce qui joint au

  1. A. P. t. 16. Lettres au Cons. Sup. des 16 et 22 mars.
  2. Les aldées constituant le territoire de Madras étaient, en dehors de la ville elle-même, les trois aldées d’Egmore, Pursewaukam et Tondiarpett, acquises en 1683 et produisant à ce moment 905 pagodes de revenus ; — les cinq aldées de Numgumbaukam, Vasalavada, Trivatore, Satangadon et Catawauk, acquises en 1708 et produisant 885 pagodes ; enfin les cinq aldées de Vepery, Perambore, Poudoupauk, Ernavor et Sadiamgoupam, acquises en 1652 et rapportant ensemble 665 pagodes. Au total 13 aldées d’un revenu de 2455 pagodes, au moment de leur acquisition, mais ces chiffre pouvaient varier et variaient en effet au moment de chaque affermage. En dernier lieu elles rapportaient aux Anglais 3280 pagodes. Toutes ces aldées provenaient du district de Pounamalli.