Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/471

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diminution de notre prestige ! Et Goudelour qui restait comme un centre d’intrigues avec le nabab et comme un point d’appui pour la flotte anglaise ! Laissons la parole à Ananda, qui eut ce même jour, à minuit, avec le gouverneur, une longue conversation :

« Je suis très heureux, lui dit Dupleix en substance, que nos gens aient éprouvé un revers. J’avais insisté auprès de Bury et des autres officiers pour les décider à accepter Paradis comme commandant en chef, mais ils ont refusé de servir sous ses ordres sous prétexte qu’il n’était qu’ingénieur et ils m’ont demandé de leur laisser l’occasion de prouver qu’ils étaient aussi capables que lui de remporter une victoire. J’avais dès lors la conviction qu’ils pourraient revenir déconfits. C’est ce qui vient d’arriver et j’en suis charmé, bien que je sois abattu à la pensée que nos hommes ont subi une défaite… » (Ananda t. 3, p. 189).

§ 2.

Les journées qui suivirent furent employées par Dupleix à essayer de relever le moral des troupes. Il vint à Ariancoupom et passa une revue des européens et des cipayes, puis il songea aux moyens de continuer la guerre. Il voulut d’abord mettre le feu aux villages et récoltes appartenant au nabab et déjà il avait donné des billets d’exemption à nos amis ou partisans qui pouvaient se trouver répandus dans les aldées, lorsqu’il reçut des lettres d’Anaverdi Khan et même de Mohamed-Ali, qui lui laissaient espérer leur rupture avec les Anglais. Nos ennemis n’avaient sans doute plus assez d’argent pour entretenir indéfiniment une armée de 7 à 8.000 hommes. Dupleix profita de l’accalmie qui en résulta pour préparer une nouvelle expédition, mais de quel côté la diriger ?