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l’expédition, mais on avait compté sans la mer qui était très agitée, comme elle l’est presque toujours à ce moment de l’année. Nos hommes ne surent pas manœuvrer ces embarcations spéciales auxquelles ils n’étaient pas habitués et ils prirent peur ; d’autre part les eaux, en se glissant à travers les jointures des madriers et en affleurant la surface des catimarons risquaient de détériorer les poudres. Après avoir fait quelque chemin en mer, il fallut revenir au rivage et renoncer à l’expédition. Elle n’avait pas duré en tout plus de quatre heures.

Tel fat le second de nos échecs, et bien qu’il ne fut dû qu’à la nature, il ne laissait pas d’être quelque peu décourageant. Nous avions contre nous les hommes et les éléments.

§ 3.

Mais il nous restait l’inébranlable confiance de Dupleix dans le succès. Il comprit toutefois qu’il n’arriverait à rien s’il ne faisait d’abord la paix avec le nabab et il mit tous ses soins à le détacher des Anglais.

L’occasion semblait favorable. Les Anglais attendaient toujours leurs vaisseaux du Gange et il leur restait peu d’argent. Leur puissance et les moyens de l’entretenir vacillaient également.

Le Nizam d’Haïderabad nous était visiblement favorable et s’il ne nous secondait pas effectivement, le désaveu de la conduite de son vassal pouvait à la longue se changer en une invitation formelle à désarmer et il avait les moyens de l’y contraindre.

Enfin il ne semblait pas que le nabab lui-même se fut engagé dans la guerre avec beaucoup de plaisir et avec beaucoup de confiance. C’étaient plutôt ses fils qui entretenaient les hostilités ; l’aîné surtout ne nous pardonnait