Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/476

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mettez-lui ce qui vous paraîtra le mieux et essayez de l’amener à notre façon de penser. » Et Ananda vit Tavakkal : « Faites-moi savoir ce que vous désirez, lui dit-il, et je m’arrangerai pour que le gouverneur vous donne satisfaction. » — « Si vous me donnez 20.000 roupies, répondit Tavakkal, je réglerai tout selon vos désirs. Les ordres du Nizam sont que le nabab cesse la guerre. Ce dernier est accablé de dettes et, comme il est très fatigué, il désire faire la paix avec vous… » (Ananda, t. 3, p. 261.)

Engagées sur ce terrain, les négociations ne pouvaient pas ne pas aboutir ; elles allèrent toutefois beaucoup moins vite que les premiers pourparlers permettaient de l’espérer. Dupleix commença par réduire à 10.000 roupies en argent et 2.800 en effets et marchandises les sommes demandées par Tavakkal et celui-ci se déclara très satisfait. Mais quand il s’agit de s’entendre sur les conditions mêmes de l’accord, ce fut moins aisé. Anaverdi demandait d’abord qu’on lui rendit Madras ; sur notre refus de le rendre sans l’assentiment du roi — et c’était l’affaire de dix-huit mois — il nous proposa d’y faire flotter le drapeau mogol pendant huit jours, après quoi nous resterions définitivement maîtres de la place. En compensation des incendies autour de Madras, il réclamait encore cinq lakhs de roupies. Il était assez indifférent à Dupleix de donner au nabab une satisfaction d’amour-propre et l’honneur rendu au pavillon mogol n’était pas autre chose ; il se montra moins disposé à verser cinq lakhs. Alors les négociateurs traînèrent en longueur.

On arriva ainsi à la mi-février et rien n’était réglé. Mafouz Khan et Mohamed Ali avaient rapproché leur camp de nos limites et leurs hommes, se considérant toujours en guerre, avaient mis le feu à Archivac, qui,