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Boscawen arriva à Goudelour. Les seules mesures urgentes qu’il prit furent quelques terrassements à la porte de Villenour et la destruction de plusieurs cases avec les arbres et jardins qui auraient pu masquer les mouvements de l’ennemi et gêner le tir de notre artillerie. Le jardin d’Ananda qui se trouvait à 350 toises de la porte de Valdaour ne fut pas plus épargné que les autres. À Ariancoupom le fossé de la redoute fut élargi et on fit voûter les casemates pour y emmagasiner la poudre. Dupleix ordonna enfin d’amener dans la ville une grande quantité de vivres, de paille et de coton et il fut défendu aux habitants d’y entrer mais surtout d’en sortir sans une autorisation spéciale. Une police spéciale confiée au chef des pions Saverimouttou fut chargée de faire exécuter ces dispositions.

Aucune d’elles n’était inutile. L’arrivée de Boscawen avait jeté partout un certain effroi et dans les premiers jours un grand nombre de Maures s’enfuirent avec leur famille. Certains Européens n’étaient pas plus rassurés, les missionnaires d’Ariancoupom et d’Oulgaret firent transporter à Pondichéry les objets précieux de leurs églises et même les portes et les fenêtres, au grand dépit de Dupleix qui leur reprocha vivement leur peu de confiance ou de courage.

§ 2.

Rien cependant ne vint justifier ces mesures ou ces craintes jusqu’à la date du 15 août, mais à ce moment trois vaisseaux anglais vinrent jusqu’à Virampatnam et y laissèrent à quelque distance de la côte une bouée avec un pavillon. C’était sans doute un signe de reconnaissance pour une expédition ultérieure. Dupleix le fit enlever