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anglais vinrent s’embosser en face de Virampatnam, pendant que les troupes à pied, parties de Goudelour, remontaient vers le nord. Le petit détachement, chargé de retarder leur avance, ne put qu’opposer une faible résistance et repassa la rivière dans une certaine confusion ; sans la présence d’esprit du lieutenant de dragons Pichard, qui accourut le protéger avec une escouade, il eut peut-être été anéanti.

Dupleix craignit alors qu’en nous maintenant sur la ligne du Chounambar, l’ennemi qui était aussi à Virampatnam ne nous prit de flanc et de face et il ordonna à nos troupes de se replier sous le feu du fort d’Ariancoupom. Boscawen ne profita pas tout d’abord de cet avantage : il était mal renseigné sur nos moyens de défense et craignait de s’engager dans quelque souricière. La journée du 23 fut employée par lui à diriger à droite et à gauche des reconnaissances et il crut acquérir ainsi la certitude que le fort d’Ariancoupom méritait à peine une attaque et que la garnison ne demandait qu’à se rendre. Le succès lui parut d’autant plus certain qu’il avait avec lui 4.000 blancs, 12 à 1.500 matelots et 8.000 cafres, cipayes ou pions. Jamais on n’avait vu de forces européennes aussi considérables dans l’Inde.

La grande attaque eut lieu le lendemain, 24, et se prolongea avec des phases diverses durant la journée tout entière. L’intention de Boscawen était de s’emparer du fort d’Ariancoupom par un coup de main vigoureux et décisif.

Les troupes anglaises, telle une « multitude de fourmis », nous dit Ananda, franchirent le Chounambar avant le lever du jour et se dirigèrent d’abord le long de la côte, puis elles tournèrent dans la direction de l’église d’Ariancoupom. Nos hommes postés le long de la rivière aux