Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/547

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Quant à Barneval, son cas s’était aggravé. Depuis qu’on avait décidé de ne plus l’envoyer en Angleterre, il tenait à s’y rendre pour se jeter aux pieds du roi et lui demander raison des procédés vexatoires dont il avait été l’objet. On s’avisa alors qu’il avait entretenu pendant la guerre une correspondance avec l’ennemi et qu’il pouvait lui en coûter la vie ; toutefois on ne formula pas ouvertement l’accusation. Que valait-elle ? on ne le saura jamais, puisqu’il n’y eut pas de procédure engagée. Il est possible sinon probable que Barneval, gendre de Madame Dupleix, ait entretenu directement ou indirectement avec sa belle famille une correspondance qui s’explique et lui ait donné quelques informations sur les événements de Madras ; encore ces informations ne devaient-elles pas être fort graves ; autrement le Conseil de David n’eut pas hésité à agir avec plus de résolution. Quoiqu’il en soit, Barneval crut prudent de ne pas avoir affaire avec la justice ; il savait ce qu’on peut faire dire aux textes et une nuit, il se sauva de Madras sous un déguisement.

En dehors de ces affaires d’un caractère très particulier, il n’y eut pas d’autres événements notables se référant directement à la rétrocession de Madras qu’une protestation de Boscawen et des commissaires anglais contre l’enlèvement par les Français de canons, mortiers et matériel de guerre qui avaient été pris tant à terre qu’à bord des vaisseaux le Fidèle, la Favorite et le Tevenapatam au temps de notre occupation. Or, d’après l’article 9 du traité d’Aix-la-Chapelle, toutes les conquêtes faites aux Indes devaient être mutuellement restituées dans l’état où elles se trouvaient le 31 octobre 1748 et ils estimaient que ces enlèvements étaient contraires au traité. Il est certain en effet que depuis cette date, Dupleix avait enlevé de Madras autant de matériel de guerre qu’il put y prendre,