Page:Marty - Les principaux monuments funéraires.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA COMTESSE DEMIDOFF.




Demidoff (Élisabeth, comtesse), de l’illustre famille des Strogonoff, épouse du comte Demidoff, chambellan de l’empereur Alexandre, conseiller intime et commandeur honoraire de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, etc., sœur de l’ambassadeur de Russie à Constantinople, était citée comme un modèle de grâces, d’aménité et de bonté ; les excellentes qualités de son cœur, l’amabilité de son caractère, lui attiraient l’estime et l’affection de ses nombreux amis, et sa touchante générosité est encore présente à la mémoire des malheureux qu’elle a comblés de ses bienfaits.

Le comte son époux, aussi distingué par sa naissance que par son mérite, protecteur éclairé des beaux-arts, est issu de l’ancienne famille des Demidoff, qui fit, dans la Sibérie, l’importante découverte des mines d’or, d’argent, de fer et de cuivre, et reçut du gouvernement, à titre de récompenses, des terres considérables, des hommes, des forêts, qui augmentèrent l’exploitation d’aussi utiles découvertes.

On doit aux Demidoff, outre d’immenses services rendus au commerce et à l’industrie, l’introduction des arts et des sciences dans la Sibérie ; ils ont ainsi dédommagé les habitans de ce rigoureux climat des privations inséparables de l’aridité du sol, en leur procurant des jouissances pures que la nature leur refusait.

Digne rejeton d’une noble race, le comte Demidoff est encore un des plus opulens et des plus puissans propriétaires de la Russie, où il possède un grand nombre d’usines et de mines métalliques précieuses.

Le superbe mausolée qu’il a fait élever à grands frais à son illustre épouse, dont les marbres apportés d’Italie sont l’ouvrage des meilleurs artistes, est, sous le rapport de l’art, un des monumens les plus importans et les plus remarquables du cimetière du Père Lachaise : sa richesse, son élégance est digne de perpétuer la mémoire d’une princesse étrangère, aussi recommandable par son rang que par ses vertus.

Ce monument se compose de dix colonnes d’ordre dorique avec entablement élevées sur un stylobate formant un élégant péristyle. Au milieu est placé le cénotaphe, surmonté d’un double écusson couronné, où sont sculptées les armes de la comtesse.