Page:Marty - Les principaux monuments funéraires.djvu/22

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Pendant trente ans, à l’École Polytechnique, comme au collège de France, cet inimitable professeur n’a cessé de charmer et d’instruire une brave, loyale et studieuse jeunesse, comme il l’appelait lui-même, et ces cinq ou six cents jeunes gens qui chaque année venaient avidement recueillir ses éloquentes paroles, chaque année remportaient dans les différentes parties de la France, avec de féconds principes de goût, de raison et de morale, le tendre et respectueux souvenir de leur ami, de leur maître. Quel citoyen a rendu de plus grands services à son pays ? La France reconnaissante placera son nom à côté de celui du bon Rollin.

La vie de M. Andrieux fut celle du véritable homme de lettres, avec toute sa dignité, son indépendance chérie, et ses pures et nobles jouissances. Le 10 mai 1833, à l’âge de soixante-quatorze ans, il s’est doucement éteint dans les bras de ses enfans.

La jeunesse de toutes les écoles l’a suivi religieusement au cimetière du Père Lachaise, où il a été inhumé. Les élèves de cette École Polytechnique qu’il avait tant aimée ont porté eux-mêmes son cercueil, et M. Droz a vivement ému l’assemblée en adressant à son ami de touchans et derniers adieux.

Son monument, de forme carrée, et en marbre blanc, est élevé sur une base en pierre, et surmonté d’une corniche. Sur la façade est sculptée en creux une couronne de laurier, avec cette inscription au milieu ;

ANDRIEUX,
de l’académie
française.

Au-dessous, ses filles ont fait graver ces quatre vers, extraits d’un conte que leur père avait composé pour elles pendant leur enfance :

Que ne peut-on racheter a prix d’or
Un rien si grand, une tête si chère !
Que n’avons-nous a donner un trésor ?
Nous l’offririons pour revoir notre père !

Andrieux,
L’Alchimiste et ses enfans.

Ce monument a été exécuté sur les dessins et sous la direction de M. Théodore Labrouste, architecte, frère de l’un des gendres de M. Andrieux.