Page:Marty - Les principaux monuments funéraires.djvu/244

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En 1807, la grande armée combattait en Pologne contre les Russes. Masséna arriva à Osterode après la bataille d’Eylau. Napoléon lui confia la conduite de l’aile gauche de l’armée : il allait de nouveau se couvrir de gloire, lorsque l’armistice l’arrêta sur les bords du Bober ; le titre de duc de Rivoli, avec une dotation considérable, consacra tout à la fois ses nouveaux et ses anciens services.

Dans la campagne de 1809, Napoléon le choisit encore pour son principal lieutenant, et le chargea de commander toutes les troupes qui se trouvaient sur la rive droite du Danube. Dans une de ses fréquentes tournées, l’Empereur dit, en s’appuyant affectueusement sur Masséna : Voici mon bras droit. Ce fut dans une reconnaissance où il accompagna Napoléon la veille même de l’attaque, que Masséna fit une chute de cheval dont il fut violemment froissé. Tout à la gloire au milieu des souffrances, rien ne put le décider à ne prendre aucune part au combat. Traîné dans une calèche, il dirigea tous les mouvemens de la gauche de l’armée dans les mémorables batailles d’Enzendorff et de Wagram.

D’aussi brillans succès amenèrent la fin de cette guerre, qui valut à Masséna le titre de prince d’Essling. En 1810, il fut chargé par l’Empereur d’aller terminer la guerre d’Espagne, et de s’attacher spécialement à l’armée anglaise établie en Portugal, pour la contraindre à se rembarquer.

Cette dernière campagne, qu’il fit avec toute l’activité de la jeunesse, à l’âge de cinquante-trois ans, avait singulièrement affaibli sa vigueur physique. Pendant les cent-jours, il fut étranger à tout service militaire : désolé, malgré sa gloire intacte au milieu des revers, il se réfugia dans un profond isolement. Ses amis, effrayés des signes de son dépérissement, le pressaient d’aller chercher hors de France un climat moins rigoureux ; il répondit : « J’ai bien acquis le droit de mourir dans « notre chère France : quoi qu’il puisse arriver, j’y mourrai. » Il mourut en effet de chagrin plus que de maladie, le 4 avril 1817.

Son monument, élevé au cimetière du Père Lachaise, formant un obélisque, est construit en marbre de Carrare, et a près de vingt pieds de haut. La façade principale est ornée du buste du maréchal, soutenu par une guirlande de laurier que deux épées supportent. Au dessus on lit la date de sa mort, le 4 avril 1817, et les noms de Rivoli, de Zurich, Gênes, Essling. L’architecte de ce monument est M. Méry Vincent ; le buste, de M. Bosio, et la sculpture, de M. Jacques.