Page:Marty - Les principaux monuments funéraires.djvu/276

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Entouré par quarante mille Russes, tandis qu’il ne peut leur opposer que quatre mille Français, il est sommé de se rendre : « On ne fait pas si facilement prisonnier un maréchal de France, » répond-il ; puis il force les masses pressées des bataillons ennemis, franchit le Borysthène et rejoint les Français. Il n’eut pas plus tôt triomphé de cet obstacle, que la Bérésina se présente ; les légions russes formaient une triple barrière sur ses bords : « C’est ici qu’il faut mourir (dit le maréchal à ses soldats) ; mais souvenons-nous que nous ne devons y laisser que la vie. » Il part ; la triple barrière est forcée, le passage est ouvert, et les débris de l’armée sont sauvés.

C’est à cette dernière campagne que se termine sa carrière militaire.

Les bornes de cette notice ne nous permettent pas de rendre compte de la fin du maréchal Ney : c’est à l’histoire à remplir cette tâche, et à la postérité à le juger ; nous dirons seulement que, dans ses derniers momens, il montra autant de courage et d’héroïsme que dans les plus mémorables actions de sa vie. Il est décédé le 7 septembre 1815.

Non loin des pyramides et des sarcophages en marbre de ses anciens compagnons d’armes, dont il partagea souvent les lauriers, dans un espace entouré d’une grille, au milieu duquel croissent huit cyprès, sont déposés sous un humble gazon, sans aucun signe extérieur, les restes du maréchal Ney. C’est là que le philosophe à qui le hasard a révélé le secret de sa tombe, observe et médite en silence sur les étranges et funestes dissensions civiles.